Adamantium rage

Complètement à bloc. J'arrive à renvoyer chier ma collègue stagiaire, qui stresse comme une chèvre pour un pré entretien d'embauche.
Tellement les nerfs à vif que j'ai de la peine à avaler quoi que ce soit. Je fais bonne figure devant les amis, je suis à la limite de l'anorexie à la maison (vomito power inside).
Les yeux d'un geek ayant codé 3 nuits de suite, genre myxomatose avec des valises samsonites 25L sous chaque oeil.
Une bonne grosse barbe bien dure, la barbelé du futur intégriste, celle qui vous fait ouvrir votre sac et déballer votre honte dans les lieus publics, sous la matraque des bleus. Fait pas bon être poilu et basané, merci les fanatiques.
J'ai la douloureuse sensation que je m'enlise dans mon rapport, qui prend de plus en plus de volume ; dans mes révisions qui s'étiolent comme un gamin somalien ; dans mes contacts avec le monde extérieur comme un tétraplégique sur son matelas anti-escarre.
Je n'ose pas ouvrir les mails de mon directeur de peur d'y lire de trop mauvaises nouvelles. Les clients m'emmerdent, ils deviennent tous pénibles, et voudraient qu'on leur masse les couilles pieds pourqu'ils nous versent leur malheureuse cotisation de carte bleue.
Ma wishlist est devenue schizophrène: elle défile devant mes yeux, improbable diaporama sur le réel.
Une bouffée d'iode dans les narines, le bruit des vagues au loin, des rues et des visages que je ne connais plus. Juste lâcher prise, ne plus rien foutre, que quelqu'un me donne un peu de tendresse... Avant que je ne foute mon poing dans la gueule d'un pauvre con qui aura traversé ma route ; c'était pas ma journée, ça ne sera pas non plus la sienne.